Quand la Maison-Blanche devient une "maison de prière" : ferveur ou récupération ?

Quand la Maison-Blanche devient une "maison de prière" ferveur ou récupération ?

Le 25 avril dernier, la Maison-Blanche a résonné de chants de louange et de prières. Près de 90 pasteurs, pour la plupart issus de courants évangéliques charismatiques, se sont rassemblés pour un moment de culte exceptionnel. Si certains y voient une élévation spirituelle inédite au cœur du pouvoir, d’autres dénoncent une instrumentalisation politique de la foi chrétienne. Un événement qui divise.

À l’occasion des 100 premiers jours du mandat de Donald Trump, une centaine de responsables chrétiens ont été invités dans l’enceinte de la Maison-Blanche pour un temps de louange et de prière. Organisé par le National Faith Advisory Board sous la houlette de Paula White-Cain et Jenny Korn, cet événement visait à "élever le nom de Jésus au cœur même du pouvoir américain", selon plusieurs participants.

Le culte, marqué par des chants de louange et des prières collectives, s’inscrit dans la continuité d’initiatives menées par l’exécutif depuis la création du Faith Office, désormais positionné à proximité du Bureau ovale. D’après CBN News, le président Trump aurait, à plusieurs reprises, exprimé son désir de voir son administration marquée par la prière.

Parmi les figures de cette rencontre, le conducteur de louange Sean Feucht a partagé sur les réseaux : "La Maison Blanche est devenue une maison de prière ce matin".

Une atmosphère spirituelle… et politique

Si nombre de participants ont salué un moment spirtiuel fort, l’événement n’a pas fait l’unanimité, y compris dans les cercles chrétiens. Le simple fait que la Maison-Blanche devienne l’hôte d’un culte religieux soulève des interrogations : s’agit-il d’une véritable expression de foi ou d’une stratégie politique pour séduire l’électorat évangélique ?

La vidéo du chant Holy Forever, reprise sur les réseaux sociaux, a été vue plusieurs millions de fois. Elle montre les participants les mains levées chantant à l’unisson ce qui a suscité des réactions contrastées. Certains saluent "un moment rare de consécration dans la vie publique", tandis que d’autres dénoncent une "instrumentalisation de la foi à des fins partisanes".

En effet, sur les réseaux, les commentaires oscillent entre admiration et consternation. "Quand la Maison-Blanche devient un sanctuaire, il se passe quelque chose", écrit un internaute. Tandis qu'un autre critique : "Ce culte est une vitrine. La foi ne peut pas être utilisée comme un outil politique."

Le soutien de figures influentes du monde chrétien a aussi suscité des réactions. Le chanteur Chris Tomlin, qui a partagé la vidéo du culte avec le commentaire "Louange à la Maison-Blanche ! Incroyable !", a été vivement critiqué par certains de ses fans. L’un d’eux écrit : "Je ne comprends pas comment un artiste chrétien peut cautionner cela. C’est une confusion spirituelle."

D’autres encore dénoncent une forme de trahison : "On reconnaît un arbre à ses fruits. Ce culte est un spectacle vide." Plusieurs commentaires bibliques ont été publiés, dont ce verset de Matthieu 15:8 : "Ces gens m'honorent des lèvres, mais leur cœur est loin de moi". 

Selon CBN News, l’administration Trump affirme vouloir défendre la liberté religieuse et lutter contre les discriminations à l’encontre des croyants, en particulier au sein d’institutions fédérales. Paula White-Cain insiste sur la mission du Faith Office : "donner une voix à ceux qui se sentent persécutés pour leur foi".

Mais les réactions suscitées par ce moment de louange montrent que le débat est loin d’être clos. La question de la frontière entre l’engagement spirituel et les calculs politiques reste brûlante, et les divisions qu’elle provoque témoignent d’une Église américaine en pleine tension identitaire.

Camille Westphal Perrier

Crédit image : Capture d'écran vidéo Instagram

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